Page:Grave - La Société future.djvu/42

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sur une plus grande échelle, il est fort probable qu’il pourrait en survivre davantage.

Ils font aussi le calcul — les économistes, pas les chevaux — qu’étant donnée la prolificité de certaines espèces, elles ne tarderaient pas à envahir en fort peu de temps toute la surface terrestre, au détriment des autres espèces, et que les individus de la même espèce seraient forcés de se dévorer entre eux, si tous les germes qui se forment pouvaient éclore et venir à maturité. « Ceux qui arrivent à se développer, » disent-ils, « ne survivent qu’au détriment de ceux qui disparaissent. Là encore ce sont les plus forts, les plus aptes qui triomphent. »

Que les espèces vivent aux dépens les unes des autres, que, pour des causes physiologiques ou autres, quantité d’individus disparaissent en germes, cela tient à des causes naturelles que nous ne pouvons éviter, jamais personne n’a songé à récriminer contre, mais il s’agirait de savoir si, 1o un individu de notre espèce, une fois qu’il a vu le jour, a virtuellement le droit de vivre, de se développer, dans les mêmes conditions que tout autre individu de son espèce ? — 2o s’il est plus profitable aux individus et à l’espèce de lutter les uns contre les autres pour s’exploiter et s’asservir ; — 3o si un individu peut être complètement heureux, tant qu’il aura à côté de lui, des individus qui souffrent et qui peinent.

Nous croyons qu’il suffit de poser ces questions pour que déjà la réponse soit prête sur les lèvres de tout individu qui n’est pas aveuglé par l’esprit d’autorité et d’exploitation, nous ne nous y arrêterons pas ici, nous aurons assez l’occasion d’y revenir dans le cours de ces différents chapitres.