Page:Grave - La Société future.djvu/44

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droit de vivre, contribuèrent à amasser en lui une forte dose héréditaire d’instincts de combativité et de domination. Cela nous explique donc pourquoi, dans ces premiers essais de solidarisation d’efforts et d’intérêts, alors même que les hommes comprenaient les bienfaits de l’association, puisqu’ils la pratiquaient, les plus forts, les plus rusés, s’en servirent pour dominer les autres et s’établir en parasites sur cet organisme nouveau : La Société.

Mais aujourd’hui, l’homme est un être conscient, aujourd’hui l’homme compare et raisonne ; pour transmettre à ses descendants, ses connaissances et ses découvertes, il possède un langage parlé et écrit des plus développés, un outillage merveilleux pour le multiplier, un cerveau capable des raisonnements les plus abstraits — que trop abstraits ! parfois, hélas ! — doit-il continuer à en être ainsi ? — Évidemment non. Il doit reconnaître que ses ancêtres ont fait fausse route en se massacrant, en se pillant, en s’exploitant, il doit revenir à ces pratiques de solidarité dont des milliers de siècles de lutte n’ont pu étouffer les germes en lui.

La nature ne nous offre-t-elle pas assez d’obstacles à vaincre, pour que l’humanité entière n’ait pas trop de toutes ses forces réunies, en dirigeant ses instincts de combativité contre les difficultés naturelles et y trouver les éléments d’une lutte plus avantageuse, sans avoir besoin de se déchirer elle-même ?

Ainsi, forts des arguments fournis par les savants officiels, nous n’aurions, lorsque les bourgeois viennent nous parler de progrès, des droits de la Société, etc., qu’à leur rire au nez en leur répliquant par les droits de l’individu qui, lui, se soucierait fort peu