Page:Grave - La Société future.djvu/58

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par les excès ou privations de toute sorte, pour rationner les hommes, les décimer et les empêcher de se manger entre eux… en les faisant crever de misère et de faim ! »

Rien de plus faux que leurs calculs et leurs affirmations, car, à part toutes les terres incultes que l’on pourrait rendre productives, il est démontré que, malgré le morcellement de la propriété qui empêche l’emploi rationnel des modes de culture intensifs, et où, par conséquent, la terre ne rend pas tout ce qu’elle pourrait rendre, la spéculation et l’agiotage font beaucoup plus pour la raréfaction des denrées, que le manque absolu lui-même.

Est-il besoin d’aller chercher au milieu des populations primitives pour trouver des terres incultes faute de soins, quand ces terrains abondent au milieu des populations civilisées ? Faut-il citer l’Écosse se transformant peu à peu en territoire de chasse ? l’Irlande livrée au mouton, quand, en Australie, il pullule et n’est exploité que pour la laine. Et les innombrables troupeaux de l’Amérique du Sud, sacrifiés pour le cuir seulement, la viande perdue, non pas à cause du manque de débouchés, puisque l’on se plaint qu’elle manque en Europe, mais tout simplement parce que l’abaissement de prix, que causerait son importation, sur les troupeaux indigènes, serait préjudiciable à quelques éleveurs et agioteurs assez puissants pour faire passer leurs intérêts avant ceux du public, en faisant voter, par leurs valets du pouvoir législatif, des droits « protecteurs. »

Est-ce la rareté du blé qui maintient des prix élevés ? Non, la Russie méridionale, l’Amérique aux vastes plaines fouillées, retournées en tous sens par