rante et l’anarchie. Ce livre est un chef-d’œuvre de logique. Il est plein de lumière. Ce livre n’est point le cri du sectaire aveugle et borné ; ce n’est point, non plus, le coup de tam-tam du propagandiste ambitieux ; c’est l’œuvre pesée, pensée, raisonnée, d’un passionné, il est vrai, d’un « qui a la foi », mais qui sait, compare, discute, analyse, et qui, avec une singulière clairvoyance de critique, évolue parmi les faits de l’histoire sociale, les leçons de la science, les problèmes de la philosophie, pour aboutir aux conclusions infrangibles que vous savez et dont vous ne pouvez nier ni la grandeur, ni la justice.
Mon ami m’interrompit vivement :
— Je ne nie rien… Je comprends, en effet, que Grave, dont j’ai suivi, à la Révolte, les ardentes campagnes, rêve la suppression de l’État, par exemple. Moi qui n’ai pas toutes ses hardiesses, je la rêve aussi. L’État pèse sur l’individu d’un poids chaque jour plus écrasant, plus intolérable. De l’homme qu’il énerve et qu’il abrutit, il ne fait qu’un paquet de chair à impôts. Sa seule mission est de vivre de lui, comme un pou vit de la bête sur laquelle il a posé ses suçoirs. L’État prend à l’homme son argent, misérablement ga-