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LA SOCIÉTÉ MOURANTE

de gens sincères, mais qui, égarés par l’éducation, la routine, ne voient que les difficultés et ne sont pas encore assez convaincus de l’idée pour travailler à sa réalisation.

Puis, à côté de ces adversaires déclarés et de ces indifférents qui peuvent devenir des amis, surgit une troisième catégorie d’individus, plus dangereux que les adversaires déclarés. Ceux-là font semblant d’être enthousiasmés par les idées ; ils déclarent hautement qu’il n’y a rien de plus beau ; que l’organisation actuelle ne vaut rien, qu’elle doit disparaître devant les idées nouvelles ; que c’est le but auquel doit tendre l’humanité, etc., etc. Mais, ajoutent-ils, elles ne sont pas praticables de suite ; il faut y préparer l’humanité, l’amener à comprendre cet état heureux, et, sous prétexte d’être pratiques, ils cherchent à rajeunir ces projets de réformes que nous venons de démontrer illusoires ; ils perpétuent les préjugés actuels en les flattant chez ceux auxquels ils s’adressent, et ils cherchent à tirer parti le plus possible de la situation actuelle, à leur profit personnel ; et, bientôt, l’idéal disparaît pour faire place à un instinct de conservation de l’ordre de choses actuel.


Il est malheureusement trop vrai que les idées, qui sont le but de nos aspirations, ne sont pas immédiatement réalisables. Trop infime est la minorité qui les a comprises pour qu’elles aient une in-