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LA SOCIÉTÉ MOURANTE

nous borner à prendre les individus par le sentiment, nous cherchons à les prendre, surtout, par la logique et par la raison. Nous ne voulons certainement pas médire de ceux dont le talent consiste à prendre les individus par le sentiment. À chacun sa besogne, selon ses conceptions, selon son tempérament. Mais au lieu de chercher des croyants nous voulons faire des convaincus. Il faut que tous ceux qui viennent à la propagande connaissent les difficultés qui les attendent pour qu’ils soient prêts à les combattre, ne se laissent pas décourager aux premières difficultés de la route. Longue et ardue elle se présente à nos regards ; avant de se ceindre les reins pour la marche, que l’on consulte sa volonté et ses muscles, car il y aura des victimes qui s’ensanglanteront aux aspérités, aux détours du chemin, des cadavres marqueront les étapes. Que ceux qui n’ont pas le cœur fort restent en arrière, ils ne pourraient être qu’une entrave pour la colonne.


Un autre préjugé, qui a grande créance parmi les anarchistes, c’est de considérer la masse comme une pâte malléable que l’on peut faire marcher comme l’on veut et dont on n’a pas à se préoccuper. Ce préjugé vient de ce que, ayant fait un pas de plus que les autres, on se croit une sorte de prophète et bien plus intelligent que le commun des mortels. « Nous ferons faire ceci à la masse, nous