Page:Grave - Le Mouvement libertaire sous la IIIe République.djvu/103

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Ce fut d’abord dans la Bataille, Camille de Sainte-Croix qui, dans un article où il cinglait d’importance Zola et la Société des Gens de Lettres, prit la défense de la Révolte.

Armand Villette, dans le Gaulois, Arsène Alexandre, dans l’Éclair — ce journal était cependant le défenseur de la Société — H. V…, dans l’Intransigeant, Bonnetain, dans Gil Blas, et combien d’autres, dont j’ai perdu les articles, s’élevèrent contre le mercantilisme que la Société poussait un peu trop loin. Ce fut, vraiment, une belle agitation.

Entre temps, j’écrivis aux auteurs, au nom desquels on nous poursuivait, et aussi à tous ceux dont l’opinion pouvait avoir quelque poids.

Hugues Leroux, lorsque je lui avais demandé l’autorisation de reproduire une de ses nouvelles, l’« Âne », m’avait répondu que le public de la Révolte l’intéressait fort et que, une fois pour toutes, il m’autorisait à reproduire tout ce qui me plaisait.

Mais lorsque s’éleva la campagne qu’avaient suscitée les poursuites, il se dépêcha de m’écrire « que, lorsqu’il m’avait donné l’autorisation de reproduire », il croyait que j’avais un traité avec la Société, et qu’il me défendait formellement, dorénavant, de rien reproduire de lui tant que je ne serais pas en règle avec ladite Société.

Je lui répondis que, lorsqu’il m’avait autorisé, je l’avais remercié de sa gentillesse, et qu’il aurait suffi qu’il m’écrive qu’il avait changé d’avis pour que je m’incline devant sa défense, mais que sa « défense formelle » manquait plutôt de dignité. Si ce n’est pas le texte exact, car je n’ai pas gardé la copie de ma lettre, c’en est l’esprit.

De Courteline, je retrouve la lettre ci-dessous :

Monsieur,

Je n’ai ni à m’associer ni à ne pas m’associer aux poursuites exercées contre vous par la Société des Gens de Lettres, tout ça ne me regarde pas. Je conviens volontiers que les règlements de la Société, en nous retirant la libre disposition de notre copie, sont quelque peu léonins, mais que voulez-vous que j’y fasse ? J’y peux d’autant moins qu’étant membre adhérent, je n’ai pas voix au chapitre. Vous me demandez de reproduire « Potiron », je vous répète que je ne suis pas maître de vous accorder cette faveur ; je le regrette très sincèrement et vous assure de mes meilleurs sentiments confraternels.

Courteline.