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Page:Grave - Le Mouvement libertaire sous la IIIe République.djvu/104

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Cette lettre était-elle la réponse à une lettre de moi où je l’avisais que l’on nous poursuivait en son nom. C’est possible.

J’ai gardé copie d’une de mes réponses à Courteline qui implique d’autres correspondances.

Dans cette lettre, j’expliquais mon attitude à l’égard de la Société des Gens de Lettres ; c’était une question de principe, que les auteurs eussent au moins le droit d’exempter ceux qui ne pouvaient payer.

Courteline se dépêcha de me répondre par la lettre suivante :

Monsieur,

1. — La première fois où je vous écrivais pour vous autoriser la reproduction de deux nouvelles du « 5e Chasseurs », je me gardais bien, comme vous le constatez, de vous avertir que je faisais partie de la Société des Gens de Lettres. Voulez-vous savoir pourquoi ? Parce que je n’en faisais partie que six mois plus tard. Vous reproduisîtes les deux nouvelles, et je ne sache pas que vous ayez eu des désagréments à ce propos.

2. — La seconde fois où je vous écrivis, je vous donnai avis que, faisant, désormais, partie de la Société, j’étais impuissant à de nouvelles autorisations, et je vous laissais libre de passer outre, à vos risques et périls. Vous passâtes outre.

3. — Le point acquis, l’avis nettement formulé que j’étais dans l’impossibilité de vous autoriser à des reproductions gratuites, je n’avais plus à faire que ce que j’ai fait : vous informer, comme je le fais pour toute demande de reproduction qui m’est adressée, qu’un des statuts de la Société des Gens de Lettres autorise tous les journaux à reproduire des œuvres déjà parues, sans qu’il soit besoin de l’autorisation de l’auteur, jusqu’à concurrence de 1 500 lignes.

Je ne vois pas, dans tout ça, où il y a manque de franchise. Si la Société des Gens de Lettres vous poursuit d’une part en mon nom, j’en suis fâché, mais je n’y peux rien. Au lieu de le prendre de si haut avec des gens qui ont fait de leur mieux pour vous obliger, vous feriez mieux de suivre le conseil que je vais vous donner, si vous voulez bien me le permettre. À votre place, donc, voici ce que je ferais. J’écrirais personnellement à chacun des six ou huit membres au nom desquels la société vous fait un procès et je solliciterais leur désistement, qu’aucun ne vous refuserait. Je suis, si je ne me trompe, un de vos plus gros créanciers, et je vous donnerais très volontiers quittance. Ainsi déchargé des 9/10 de la dette, je paierais à la société 10 0/0 qui lui est dû, et qui doit se monter à 30 ou 40 francs,