Aller au contenu

Page:Grave - Le Mouvement libertaire sous la IIIe République.djvu/110

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Je me bornai à lui envoyer la lettre suivante :

Paris, le 13/10 1909.
Monsieur le Député,

Lorsqu’il s’agit de reproduire des extraits de volumes ou des œuvres plus littéraires que de polémique, j’ai l’habitude de demander l’autorisation des auteurs.

Mais s’agissant d’un article de journal, d’un homme politique qui, je le croyais, doit surtout écrire en vue de propager ses idées, j’avais pensé que, en l’occasion, c’était inutile.

En vous écrivant pour vous aviser du cas, je n’avais nullement en vue que vous vous mettiez en guerre avec la Société des Gens de Lettres. J’espérais seulement que vous seriez intervenu auprès du délégué pour lui faire comprendre que, pour sa propre dignité, comme pour celle de ses collègues, il y avait à faire la différence entre les publications qui ne sont que des entreprises commerciales, et celles qui sont des œuvres de propagande d’idées.

Vous ne l’avez pas envisagé à ce point de vue.

Autrefois, au temps des Armand Carrel, le journalisme était envisagé sous un aspect plus élevé, et moins commercial.

Autres temps, autres mœurs. On s’en aperçoit tous les jours.

Il y en a qui trouvent que notre époque ne gagne pas à la comparaison.

Je vous remercie de l’amabilité que vous avez eue de me répondre.

J. Grave.

Il fut, je suppose, dégoûté par ma stupidité à comprendre son point de vue, car notre correspondance finit là.

Comment s’arrangea l’affaire ? J’ai oublié, mais ce ne fut pas la seule, car je trouve d’autres lettres concernant d’autres réclamations de la Société. (Dans l’intervalle, M. de Larmandie avait remplacé Émile Zola).

Pierrefonds, 3 juillet 1900.

C’est arrangé, cher ami, et voici en quels termes m’a répondu M. de Larmandie.

Tout le possible pour être agréable à un confrère aussi vaillant que vous, et aussi à ce noble cœur qu’est Jean Grave (c’est Séverine qui souligne).

Dès votre lettre j’avais télégraphié.

Lors de mon prochain séjour à Paris, je vous en aviserai pour qu’on puisse se serrer la main et convenir du jour où vous viendrez déjeuner chez la paysanne que je suis devenue.

Affectueusement votre toujours.
Séverine.