Page:Grave - Le Mouvement libertaire sous la IIIe République.djvu/118

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Ricard entre autres, nous affirmant la sincérité de Ravachol. Par la suite, par sa crâne attitude devant les juges, nous apprîmes à mieux le juger. On pouvait, évidemment, se cabrer devant l’assassinat, même d’un personnage aussi peu intéressant qu’était la victime, pour se procurer de l’argent. Mais c’était un homme sincère, d’une énergie peu commune.

Enfin, ce fut le vol de dynamite, dans un chantier de Soisy-sous-Etiolles qui vint porter la terreur à son comble. Plusieurs camarades furent arrêtés à cette occasion, parmi lesquels, G. Etiévant, Faugoux et quelques autres.

Cela me valut une nouvelle perquisition.

Un après-midi j’étais tranquillement en train de travailler lorsque je vis entrer deux policiers,

— C’est moi, Rossignol, fit l’un d’eux. Je suis déjà venu ici chercher deux anarchistes italiens qui avaient poignardé un mouchard. (Il voulait parler de sa visite lors de l’arrestation de Monod).

— Ah ! qu’est-ce qu’il y a de cassé, encore ?

— Monsieur Goron va vous le dire.

S’adressant à quelqu’un qui était resté au bas de l’escalier :

— Vous pouvez monter, monsieur Goron, Grave est tout seul !

Et Goron fit son apparition, sortant un papier de sa poche.

— Nous venons chercher de la dynamite. C’est le Préfet de Police qui nous envoie. J’ai le mandat,

— Vous pourrez dire au Préfet de Police qu’il est un rude fourneau de s’imaginer qu’ayant de la dynamite à cacher, c’est ici que je la cacherais.

— Je ne vous dis pas. Mais on nous envoie.

Pendant ce temps les deux autres olibrius étaient en train, mais sans grande conviction, de remuer les paquets de journaux et brochures qui encombraient la pièce.

Au milieu de l’opération, Rossignol s’écria :

— Il est épatant ce Grave. Chaque fois qu’on le file, c’est au Palais de Justice qu’il vous emmène !