ce cas. Au tribunal, Faugoux se moqua continuellement de ses juges. Il fut envoyé au bagne où il mourut, si je ne me trompe, dans une des révoltes où furent tués plusieurs anarchistes. S’il eût été une casserole, Faugoux ne serait pas mort au bagne.
Il semble qu’il y eut bien un mouchardage dans l’affaire, mais si on s’en rapporte aux journaux de l’époque, c’était un nommé Drouhet qui avait vendu toute l’affaire. Je n’ai pas connu l’individu. Il n’était pas dans ma liste.
Il va sans dire que tout cela avait surexcité l’opinion publique. Les journaux à moitié littéraires, comme l’Écho de Paris, le Journal, voire même parfois l’Éclair, étaient remplis d’articles tout à fait révolutionnaires. Mirbeau, Séverine, Ajalbert, Bernard Lazare, Descaves, Geffroy, Arsène Alexandre, écrivaient des articles purement anarchistes. Notre supplément n’avait crainte de chômer.
Bernard Lazare, Paul Adam, Henry Fèvre, Francis Vielé-Griffin, H. de Régnier, avaient fondé Les Entretiens Politiques et Littéraires qui, à la fin, étaient devenus tout à fait révolutionnaires.
Dans un article « École de Ravachol », Paul Adam reprochait à la Révolte de n’être pas assez révolutionnaire ! Pour quelqu’un qui devait finir bourgeois et militariste, ce n’est pas mal !
H. Fèvre — celui-là aussi, hélas ! a bien mal fini — dans un des derniers numéros écrivit un article sur les députés. Il terminait ainsi : « O bombes de l’avenir ! » La semaine suivante Vaillant jetait la sienne dans l’enceinte du Palais-Bourbon !
Fèvre m’écrivit aussitôt que si j’avais l’intention de reproduire son article il me priait de n’en rien faire. Je le rassurai. Pas plus que lui, tout en appréciant l’article, je n’avais envie d’être poursuivi.
Mais le 1er mai approchait (1892). Fin avril s’amenèrent au bureau deux mouchards chargés de m’arrêter, soi-disant, pour non-paiement de l’amende de mon procès au sujet de l’article sur Fourmies.
Ils me dirent que si j’offrais un acompte je serais certai-