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Page:Grave - Le Mouvement libertaire sous la IIIe République.djvu/120

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Ce fut à ce procès qu’il lut cette magnifique affirmation de principes anarchistes que nous publiâmes dans le journal et en brochure sous le titre : « Déclarations », de G. Etiévant. Ce fut son père qui m’apporta le manuscrit.

Il me fut dit, plus tard, par quelqu’un qui semblait le connaître, que ces « Déclarations » avaient été écrites par un ingénieur nommé Jacquelines, ancien blanquiste rallié aux idées anarchistes, qui avait collaboré à divers journaux anarchistes, entre autres à la Révolution Sociale. Ses articles n’étaient pas mal, mais, de tous ceux que j’ai lus aucun n’avait l’envergure des « Déclarations » lues par Etiévant.

D’autre part, le peu que je vis d’Etiévant tendrait à me faire croire qu’il n’avait pas, seul, écrit sa défense. Lorsqu’il passa à nouveau en jugement pour l’affaire du poste de la rue Berzélius, il lut de nouvelles « Déclarations » qui furent publiées par le journal que faisait Constant Martin, Elles étaient loin de valoir les premières.

Mais cela n’a pas d’importance. C’était un garçon d’énergie, et indubitablement intelligent, qui fut quelque peu déséquilibré par la prison. Lorsqu’il fut arrêté à la suite de son attentat contre les sergots, il m’envoya, de Mazas, des problèmes de mathématique et d’algèbre qu’il avait résolus lui-même, sans avoir jamais étudié ni l’une ni l’autre.

Ne connaissant pas ces sciences moi-même, j’envoyai ces solutions à Leyret qui les trouva exactes.

À sa sortie de prison, il alla à Londres où il resta huit jours. Là-bas, des camarades l’avaient emmené à une réunion ou, comme de juste, on ne parlait qu’anglais. En en revenant, il confia aux camarades qui l’accompagnaient, que l’on n’y avait dit que des bêtises ! Le malheureux ne connaissait pas un mot d’anglais !

Il revint à Paris, désorbité, incapable de se remettre au travail ou n’en trouvant pas. Sans aucune raison connue, il attaqua, seul, à coups de revolver, un poste de police, rue Berzélius. Ce qui l’envoya au bagne où il mourut.

M. E. Reynaud, dans ses Souvenirs d’un commissaire de police, en parlant de cette affaire de Soisy, dit que Faugoux était la « casserole » de je ne sais plus quel commissaire de police. Je ne sais de qui M. Reynaud tient ces renseignements, mais ils sont, certainement, erronés en