d’un revolver. (Pauvre revolver ! il finissait par connaître le chemin du Palais de Justice).
Or, ces lettres se rapportent aux comptes du journal dont je suis l’administrateur ; les brochures — dont le dépôt légal a été fait lors de leur apparition — ne sont l’objet d’aucune poursuite ; les volumes ont été payés de mon argent, chez les éditeurs qui ne sont pas inquiétés ; les manuscrits ne peuvent être poursuivables puisqu’ils ne sont pas encore publiés.
Aussi, pour justifier cet abus de pouvoir, m’a-t-on fait appeler chez un juge d’instruction, en me déclarant que j’étais soupçonné de faire partie d’une bande de malfaiteurs ! C’est un comble ! C’est celui auquel on a pris ce qui lui appartient qui est un malfaiteur !
Je n’ai pas la naïveté de m’étonner du procédé : depuis longtemps je sais que la loi justifie tous les actes de ceux qui l’appliquent, lorsqu’ils ont la force pour la faire exécuter. Je ne récriminerai ni ne protesterai : je pense seulement qu’il suffira de vous signaler cette anomalie ; — un anarchiste forcé de rappeler à des magistrats qu’ils ont accompli à son égard ce qu’on lui reproche de penser seulement — pour que vous vous empressiez de faire rapporter chez lui les objets qui lui appartiennent ; sinon, ne pourrait-il pas dire que l’on n’a pas pour lui, respecté les formes de la légalité dont on prétend lui imposer l’observance ?
Qui, à ce moment, était à Sainte-Pélagie ? Je l’ai totalement oublié. Tout ce que je me rappelle, c’est que Pouget venait d’en sortir.
Il avait été enfermé sur la réquisition d’un patron — du côté des Ardennes, je crois — qui, se jugeant diffamé par un article du Père Peinard, l’avait fait condamner à des dommages et intérêts que Pouget n’avait pas jugé nécessaire de payer. Son adversaire avait obtenu la contrainte par corps contre lui. Seulement, il devait payer le prix de la « pension » que réclamait l’administration pour détenir Pouget. Il devait payer une quinzaine d’avance.
Mais, comme pour les amendes, si le détenu n’est inscrit sur aucun rôle d’impôts, il peut tirer un certificat d’indigence, et alors il ne fait plus que la moitié du temps de