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Page:Grave - Le Mouvement libertaire sous la IIIe République.djvu/130

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on pouvait attraper 6 mois ; mais l’imprimeur, le vendeur pouvaient être poursuivis. Nous retournions à l’Empire.

À propos de Vaillant, M. Raynaud, dans le volume dont j’ai déjà parlé, affirme que lui aussi aurait agi — sans le savoir — sous l’inspiration d’un agent provocateur, nommé Jacot qui lui aurait été envoyé par un de ses camarades, nommé R… mais connu sous le nom de Georges.

Ce nommé R… est évidemment Renard qui, en effet, fut connu comme mouchard. Quant à Jacot, je n’en ai jamais entendu parler.

D’après M. Raynaud, en haut lieu on désirait faire voter les lois scélérates, mais la Chambre s’y montrait rebelle. Puybaraud aurait inventé l’attentat en vue de forcer la main aux députés récalcitrants.

Comme moralité, ça ne laisse rien à désirer. Peut-être, après tout, cet état d’esprit existait-il au ministère et à la Préfecture de Police, puisque M. Raynaud prétend que son Jacot allait, se vantant dans les couloirs d’avoir fourni la bombe à Vaillant en vue de se faire bien voir des chefs.

Donc, selon lui, — et M. Raynaud répète ce qu’il a entendu — envoyé par ses chefs, — avec la complicité de Dupuy — il serait allé trouver Vaillant, se donnant comme anarchiste-cambrioleur, disposant d’argent pour la propagande. Vaillant était dans la misère, il lui aurait donné cinq louis, puis cuisiné et persuadé d’accomplir son attentat, mais prenant la précaution de lui fournir la bombe pour qu’elle fût inoffensive.

Cependant, je le répète, personne, parmi nous, n’a jamais entendu parler de ce Jacot. Le seul que l’on connût et qui était en relations étroites avec Vaillant, à cette époque, était un camarade nommé Pauwels. Ils durent combiner plusieurs affaires ensemble, car Pauwels sema, pour son compte, plusieurs bombes dans Paris, et fut lui-même victime de celle qu’il jeta à la Madeleine. Or Pauwels était un bon camarade, sincère et connu de nous tous.

Toujours est-il que les lois furent votées, et qu’à la suite de ce vote, Bourbier — le vendeur du Petit Parisien qui