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les affublant de noms nouveaux, s’imaginant qu’on leur a, ainsi, enlevé leur malfaisance.

Toute notre éducation était à faire. Ce fut une chance pour moi d’être nommé secrétaire du groupe, car, dans les correspondances que j’eus à échanger avec les camarades de province, ayant souvent à répondre à des objections, à expliquer nos propres idées, le besoin de trouver des arguments m’amena a voir clair en moi-même, à peser lesdits arguments, à reconnaître pourquoi ils étaient faibles.

Ce fut ainsi que, peu à peu, je pris conscience de ce que devait être une société libre, quels étaient les modes de relation qui pouvaient sauver la liberté de chacun, quels étaient ceux qui pouvaient faciliter le retour de l’autorité, de l’exploitation.

Adversaires de la centralisation, nous voulions trouver un moyen de relier les groupes entre eux, sans organe exclusivement directeur, mais où chacun d’eux, au contraire, y conservât son activité propre.

C’est alors que nous imaginâmes la création d’un « Bulletin mensuel », organe des groupes fédérés, qui y développeraient leurs idées, les mettraient en discussion, appelant la controverse, y formuleraient leurs propositions pour la propagande à accomplir.

Mais si la publication était faite toujours par le même groupe il y avait danger que ce groupe ne devînt une espèce de groupe directeur. Pour y parer, nous décidâmes que chaque groupe, à tour de rôle, éditerait un numéro dudit « Bulletin ». Cela éviterait la centralisation et, de plus, forçait les groupes à quelque activité, le temps, tout au moins, qu’ils auraient à préparer la publication de leur numéro.

Faute de fonds, le premier numéro fut polycopié. Baillet nous avait amené un de ses amis, employé à la Cie d’Orléans, qui avait une écriture superbe. Ça aurait valu de l’impressîon si le tirage, faute d’expérience, n’avait laissé à désirer. Malheureusement, à travers les vicissitudes de la vie d’un propagandiste, ce premier numéro a été perdu.