Page:Grave - Le Mouvement libertaire sous la IIIe République.djvu/209

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D’autre part, « un anarchiste qui se respecte, ne doit pas prostituer ses bras à un patron. C’est se faire esclave que subir les ordres d’un patron ou d’un contremaître. Arracher, par force ou par ruse, ce que la société vous refuse, voilà qui est noble, qui est anarchiste ! »

Quelqu’un qui aida fortement Libertad dans son travail de démoralisation et de déviation, ce fut un étrange personnage nommé Paraf-Javal.

J’avais lu, autrefois, dans un numéro du « Supplément » de La Lanterne, un bout de conte qui m’avait paru amusant. J’écrivis à l’auteur, à l’adresse de La Lanterne, pour lui demander l’autorisation de reproduire ledit conte. Il m’apporta cette autorisation. À ce moment, il n’était pas question pour lui d’être anarchiste. Il signait Péji, des deux premières lettres de son nom composé : Paraf-Javal.

Je ne fus pas peu étonné de le voir réapparaître à l’occasion de l’affaire Dreyfus. Il était le réfutateur du fameux « kutsch » de Bertillon. Ce dernier avait trouvé plus ku…tsch que lui.

À partir de là, le bonhomme fit son apparition dans les groupes anarchistes, il m’envoya deux ou trois articles, mais ne tarda pas à être un des habitués du milieu Libertad et de leurs réunions où il prenait la parole. Peu à peu, son ton monta à celui des Roussel, des Georges, et de Libertad lui-même. Il engueulait le public, traitant les auditeurs des noms les plus orduriers. Leur disant qu’ils étaient plus… que…, glissons, n’appuyons pas. Tout cela mélangé des théories individualistes les plus abracadabrantes.

S’il se rencontrait à la tribune avec Libertad, c’étaient les effusions les plus pathétiques.

Était-il détraqué, jouait-il à l’être ? Je pencherais pour la dernière hypothèse. Car, invité par Fromentin à aller le voir où il demeurait, à Meulan, j’y rencontrai Paraf qui se conduisit très correctement, non seulement chez notre hôte, mais aussi à une conférence qu’il donna l’après-midi, organisée par Fromentin avec les francs-maçons de