Page:Grave - Le Mouvement libertaire sous la IIIe République.djvu/286

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Ce qui équivalait à dire que, si, il y avait des risques à courir, à recevoir cette correspondance, on préférait me les laisser, puisque le loyer du local était à mon nom.

Je suis sûr que, encore ici, Girard ne se rendait pas bien compte de l’énormité de ce qu’il écrivait, autrement il ne l’aurait pas écrit.

J’écrivis à Girard et à Benoit pour leur demander s’ils se moquaient de moi et que, puisqu’ils le prenaient comme cela, j’exigeais qu’ils rendissent les clefs, et ne tinssent plus aucune réunion au bureau.

Girard se froissa — ce que je regrettai — mais porta les clefs à Mme Guérin comme je le lui avais demandé, en disant que les camarades entendaient continuer à se réunir au bureau, et que Mme Guérin devrait leur en permettre l’accès.

Benoit fit des difficultés pour remettre sa clef. Voyant cela, j’écrivis à mon ami L… de prendre un serrurier et d’aller faire mettre un cadenas à la porte du bureau. Ce qui fut fait.

Ce fut pour moi très désagréable d’avoir à agir ainsi avec des camarades que j’estimais. Mais leur aveuglement ne me laissait pas d’autre alternative.

Envers l’autorité j’ai toujours pris la responsabilité de ce que je faisais, mais je ne voulais pas me trouver mêlé à une affaire j’aurais été forcé de désavouer mes co-accusés — puisque j’étais contre — si jamais il y avait eu poursuites.

Et bien m’en prit d’avoir agi ainsi, car quelques jours après la pose du cadenas, un commissaire de police se présenta rue Broca pour perquisitionner.

J’avais demandé à Girard et aux autres de faire eux-mêmes la déclaration par laquelle ils signifieraient qu’ils agissaient en leur propre nom et non en celui du journal, ou je serais forcé de le faire moi-même en des termes qui pourraient leur être désagréables. Comme ils s’y refusèrent, j’envoyai un article à La Bataille.

Enfin, pour en finir avec ce triste épisode, un jour, Cornelissen m’avisa que Benoit et Girard avaient, sous le titre « Un Désaccord », publié une brochure contenant ma correspondance avec eux.

Ce que je leur avais écrit, je le disais dans mes articles à La Bataille. Il m’était donc indifférent qu’ils publient