Page:Grave - Le Mouvement libertaire sous la IIIe République.djvu/314

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un conseil de guerre que sa mère vint me trouver. Elle me raconta que son fils lui avait bien dit de venir me trouver la première fois, mais que s’étant adressée à des « influences », on lui avait conseillé de ne faire aucun bruit, lui promettant d’obtenir l’indulgence de l’autorité pour son fils.

Inutile d’ajouter que ces promesses n’avaient eu aucune réalisation.

J’allai trouver Séverine, pour lui demander d’entamer une campagne en sa faveur.

Séverine me dit : Une campagne dans la presse a peu de chances d’être profitable à celui que vous voulez sauver. Mais le cabinet Bourgeois qui vient de se constituer m’a fait demander de l’appuyer. Je lui demanderai, en retour, la grâce de Dubois-Desaulle ».

En plus du délit de désertion, ce dernier s’était sauvé avec ses effets d’ordonnance. Il avait été repris et passa en conseil de guerre.

Le président du conseil de guerre, me racontait peu après Mme Desaulle, « fut tout à fait paternel, allant lui-même au devant des réponses à faire à ses questions ». Quant au commissaire du gouvernement, on n’en avait jamais vu d’aussi humain. L’intervention de Séverine avait produit son effet.

Acquitté, Dubois-Desaulle fut nommé bibliothécaire dans un régiment où il termina tranquillement son temps de service.

Lorsqu’il fut libéré, il publia, chez Stock, un volume sur les compagnies de discipline, Sous la casaque. Puis à la Revue Blanche, Camisards, Peaux de Lapins, et Cocos.

Ayant trouvé à faire partie d’une caravane d’explorations organisée par un nommé Mc-Millan, il périt dans une embuscade, sur la Côte des Somalis, s’étant aventuré, sans armes, loin de ses camarades, malgré toutes les recommandations.

Comme je l’ai dit, la plupart des artistes et littérateurs furent très obligeants avec nous. Quillard, Hérold, Malquin,