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IV

LE RÉVOLTÉ À PARIS


À Paris, nous nous rendîmes chez la sœur de ma femme qui devait nous donner abri jusqu’à ce que nous pussions nous débrouiller. Dans la maison il y avait à louer une pièce mansardée, sous le toit. Nous la prîmes — provisoirement. C’est ainsi que je retournai au 140 de la rue Mouffetard, où j’avais habité étant gosse.

Je revis Méreaux dont j’avais fait connaissance avant mon départ pour Genève. Il consentit à devenir gérant du journal. Il me mit en relation avec quelques-uns des camarades qui s’étaient occupés de la publication de Terre et Liberté, journal que les Parisiens avaient fondé, mais qui avait dû cesser sa publication après une trentaine de numéros — dont trois sous le titre de l’Audace — faute d’argent.

Ces camarades me proposèrent de reprendre leur local, ruelle Pellée, dans la rue Saint-Sabin, ce que j’acceptai.

Dés le premier jour, j’y respirai une atmosphère qui ne me disait rien qui vaille. C’était ouvert à trop de monde. J’y avais fait diriger la correspondance. Lorsque j’allai l’y chercher, il se trouva que l’on avait fracturé la boîte aux lettres. L’auteur était une brute, du nom de H… un ouvrier ébéniste qui, plus tard, fut mêlé à un journal anarcho-corporatif, mais faisant quelque peu de chantage. Plus tard encore, il fut à peu près convaincu d’être de la police.

Je jugeai prudent de me tenir à l’écart de ce milieu. Dès le deuxième numéro l’adresse du Révolté fut rue Mouffetard.

Comme bureau de journal et comme logement, cela laissait à désirer. On y avait accès par un escalier qui tenait