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EN RACONTANT

par quelqu’un de ses membres, puis il porte immédiatement la victime de sa ruse et de son adresse à la pièce d’eau voisine où il la noie et la ramène à terre. S’il y a d’autres alligators dans les environs, tous se rendent au festin. Alors a lieu un combat de caïmans, et, au vainqueur la dépouille. La gueule de cet animal est un vaste réceptacle, où s’engouffre une quantité d’êtres vivants. Le caïman, né flâneur, ne chasse pas pour se nourrir ; ses aliments se composent de ce qui s’offre à lui, lorsqu’il fait la sieste sur le bord de quelque cours d’eau. Il se tient là, sa gueule énorme toute grande ouverte, et sa langue gluante exposée de manière à attirer les insectes de son voisinage qui ne manquent pas d’aller ce placer sur l’objet trompeur.

C’est, d’abord, un petit lézard qui s’introduit dans ce gouffre béant et se met à l’aise à l’ombre de la mâchoire supérieure. Après lui viennent des moucherons qui se placent sur le dos du lézard, puis une ou deux grenouilles courant après les moucherons. D’autres moustiques suivent et prennent place sur le dos des grenouilles : des centaines de moucherons arrivent bientôt pour prendre part au pique-nique. Pendant que les visiteurs s’installent dans sa vaste gueule, le caïman clignote tranquillement des yeux en attendant son festin. Lorsqu’il croit que ses dupes sont assez nombreuses pour