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EN FLORIDE

former un repas convenable à sa gloutonnerie, la scène change et il s’en suit une catastrophe. La mâchoire supérieure s’abaisse avec la rapidité de l’éclair et la fournée de moucherons, de lézards, de grenouilles, etc., s’engouffre dans l’abîme, c’est-à-dire le ventre de l’animal vorace. Après cette chasse facile, comme on le voit, l’énorme gueule du caïman s’ouvre de nouveau jusqu’à ce qu’elle ait recueilli une autre moisson.

À midi, près d’un filet d’eau fraîche, notre cocher détela ses chevaux et les fit manger : nous prîmes nous-même un goûter composé de galettes de maïs, de viande en boîte et d’oranges. Après ce repas léger, nous fîmes une promenade sur le bord du petit ruisseau, où nous rencontrâmes le premier serpent des marais ou de marécages que nous ayons encore vu. Ce reptile avait une longueur de plus de trois pieds et la grosseur d’un poignet d’homme. Comme nous n’avions rien pour le darder, nous crûmes prudent de nous tenir à une distance respectueuse de cet animal, qui disparut promptement sous l’herbe humide.

Les chevaux étant attelés de nouveau, nous nous remîmes en route. Vers les six heures du soir, nous étions au but de notre voyage, à Waverly, petite colonie de quatre ou cinq feux, au milieu de jeunes plantations d’orangers, près de la rivière ou crique Spruce. Nous trouvâmes là deux frères du