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EN RACONTANT

sans compter l’espadon et le requin, qui se prennent facilement à la ligne ou au filet.

Il y a des tortues en abondance (quelques-unes sont d’un poids énorme) près du Goulet-aux-Moustiques. La chasse aux tortues et à leurs œufs cachés dans le sable, forme un agréable passe-temps. On trouve assez souvent de 150 à 300 œufs par nid ; ils forment un mets recherché, ainsi que la chair de la tortue. Des millions et des millions d’huîtres tapissent les bords et le lit de la rivière, et on peut les pêcher au râteau partout.

Nous passâmes une journée agréable à nous promener dans un bateau à voile que nous avions loué. Nous fîmes la rencontre d’un ancien habitant de Laprairie, vis-à-vis de Montréal, un entrepreneur de chemins de fer, qui demeurait en Floride depuis plusieurs années. Il s’informa de plusieurs Canadiens de sa connaissance, et parut parler du pays natal avec bonheur. Comme l’a dit Delille :

«…………………… Et son âme attendrie
Du moins pour un instant retrouva sa patrie. »

Ce n’est donc pas un vain mot que ce nom de patrie, puisque, dans l’exil, son souvenir fait palpiter tout cœur bien né. On dit que l’Esquimau même, dont la vie, dans son pays de glace, semble si triste, regrette cependant ses montagnes couvertes de neiges éternelles et languit à l’étranger.