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FLEUVE SAINT-LAURENT

D’autres navires, partis à peu près en même temps que lui, sont arrivés ! Tous les jours, il examine les colonnes de nos journaux où sont consignés les rapports maritimes. Ah ! enfin, voilà des nouvelles ! Entr’autres rapports télégraphiques, il apprend « que le Peerless, n° officiel 61,964 a dépassé le Rocher aux Oiseaux, en remontant le fleuve ; le vent est sud-est. »

Ses craintes s’évanouissent ; les soucis qui l’obsédaient un instant auparavant, disparaissent. Enfin, dit-il, le Peerless est hors de danger jusqu’ici, mais il a encore une course longue et périlleuse à faire, naviguant au milieu de bancs de sable, de récifs et de courants pleins d’embûches, il peut être surpris par la brume ou assailli par de fortes tempêtes. De longs jours s’écouleront peut-être avant qu’il ne reçoive d’autres nouvelles du Peerless. Pendant ce temps-là, le navire vogue sur les eaux à travers d’épais brouillards, averti, tantôt par le canon d’alarme, tantôt guidé par la lumière des phares, louvoyant et battant la mer de l’est à l’ouest, du nord au sud. Enfin, une dépêche télégraphique, rapide comme l’éclair, arrive, soit de la Pointe du Cap Chat ou de Matane : « Le navire Peerless n° officiel 61,964 est passé à 1 heure p. m., aujourd’hui ; temps clair, forte brise du nord-est. »

À partir de ce moment, l’agent reprend son appétit ordinaire, et il ne perd plus son sourire habi-