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EN RACONTANT

pour porter secours à l’équipage du Pamlico. Ces hommes, presque gelés et trempés jusqu’aux os, furent amenés sur le rivage, où l’on alluma des feux pour les réchauffer ; le dévouement et la charité de ces pêcheurs généreux les sauvèrent d’une mort certaine ; ils ne tardèrent pas à reprendre leurs forces, et purent regagner leurs foyers.

Mais le sort des victimes du Bristolian fut bien pire.

D’énormes paquets d’eau glacée balayent le pont du navire, et emportent un homme de l’équipage, incapable de résister au choc des glaces. Les pauvres matelots sont épuisés et mouillés jusqu’aux os, et deux d’entr’eux s’affaissent sur le pont, où leurs cadavres gelés demeurent ensevelis sous probablement douze pieds de glace.

Deux autres succombent au froid et expirent en atteignant le rivage.

Le reste de l’équipage, possédant sans doute des vêtements plus chauds, trouva un abri dans le cabanon du seul pêcheur de l’endroit, qui les accueillit avec la plus touchante charité chrétienne, quoique ce supplément de personnes dut se faire sentir bien lourdement sur cette pauvre famille, déjà maigrement pourvue des choses nécessaires à la vie.

On dépêcha un homme vers la station télégraphique de la Pointe Sud-Ouest, à une distance de 42 milles, la seule qui fût alors en opération ; quelques