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UNE BALEINE

« Encouragés à notre tour par l’attitude immobile de la baleine, nous résolûmes de lui donner un assaut général, et chacun s’étant approché suffisamment, la frappa à tour de rôle soit avec une rame ou quelque chose de semblable. La baleine était bien morte. J’examinai le pauvre animal avec étonnement, et des visions d’huile de baleine et des monceaux d’argent passèrent devant mes yeux. Je sentais que le sort me favorisait, et que j’allais enfin voir se réaliser en ma faveur un de ces heureux hasards de la fortune. Il y a, voyez-vous, dans la vie de chaque homme, un de ces heureux moments qui peut le conduire à la richesse « s’il saisit la balle au bond ». Nous nous consultâmes longuement pour savoir comment nous allions nous y prendre pour nous assurer la possession de cette baleine, et la transporter jusqu’à Québec. Après bien des pourparlers, il fut convenu de lui percer la mâchoire, de passer à travers cette incision une chaîne qui, retenant la queue, serait attachée à un câble du steamer ; et, à la marée montante, de la remorquer en ville. J’envoyai chercher la chaîne qui fut attachée comme je viens de le dire.

« Avec quelle anxiété nous comptâmes les heures et les minutes, en attendant le retour de la marée, de cette marée qui devait nous permettre d’obtenir de si mirobolants résultats. Elle vint cependant à