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EN RACONTANT

Après plusieurs jours de travail, je fus étonné d’apprendre que tout ce que mes hommes avaient pu recueillir était neuf barils pleins de ce qu’ils assuraient être de l’huile de baleine. Ce mince résultat renversa du coup les calculs du capitaine et les miens ; ce n’était, ni plus ni moins, qu’une amère dérision. Assurément, l’auteur qui avait écrit l’article sur la baleine que j’avais lu le soir même de cette fameuse trouvaille, n’avait pas voulu parler d’une baleine telle que la nôtre. Je vous prie de croire qu’à ce moment j’aurais vendu ma part à bon marché, mais les actions de baleine n’inspiraient plus la même confiance dans le public ; elles étaient de beaucoup au-dessous du pair.

Ayant eu, vers le même temps, une entrevue avec le capitaine, je constatai qu’il ne prenait plus aucun intérêt à la spéculation, et ne réclamait aucun dividende. Enfin, j’étais résolu d’en finir avec cette affaire. Je fis mettre à bord les neuf barils d’huile, ainsi que tous les outils employés à l’opération du dépècement. Étant amateur d’histoire naturelle, et ne perdant aucune occasion de collecter des échantillons, je fis aussi embarquer le squelette qui fut laissé à blanchir sur le quai. Quoiqu’on m’eût assuré que l’huile recueillie était bien de l’huile de baleine, elle ne me plaisait pas ; elle avait une odeur tout à fait différente de toute autre huile de baleine que j’avais déjà eu occasion de voir : c’était