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LES PÊCHEURS DU LABRADOR

avait soutenu au milieu des plus rudes combats de la vie.

Il me cita l’exemple d’un pêcheur à qui la pêche avait fait défaut, et qui s’était trouvé à peu près dans les mêmes circonstances que lui. Soudain, le vent avait changé, la baie était devenue libre de glaces.

Le pêcheur avait immédiatement tendu la seine, et, en moins de deux à trois heures, avait pris au-delà de 500 loups-marins, représentant une valeur de quatre piastres chacun.

Peu après, le vent avait de nouveau sauté ; la baie encore une fois s’était bouchée, et notre pêcheur n’avait plus pris de loups-marins cet hiver-là.

Pauvre Jones ! il espérait toujours que la fortune finirait par le favoriser d’une chance pareille.

Tout en causant, nous nous étions rapprochés de sa maison que nous pouvions maintenant apercevoir. C’était une grande bâtisse en bois, tombant presqu’en ruines. Tous les matériaux qui entraient dans sa construction avaient été descendus de Québec par goélette. Jones me dit que c’était là sa maison d’été, mais qu’il en avait une plus petite dans l’intérieur, plus près du bois. En approchant de la maison, je remarquai qu’il manquait plus d’une vitre aux fenêtres, et, qu’ainsi exposée au vent, il devait y faire bien froid.