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UNE BALEINE

« Je suis, dit-il, un des membres du conseil municipal de St-Jean, et je suis aussi marguillier en charge. Vous avez fait dépecer une baleine à l’anse St-Patrice, à quelques milles au-dessus de nous. Une partie de la carcasse de cette baleine est descendue avec le courant, et est venue s’échouer sur la grève, en face de l’église et de nos maisons. L’air est empesté, et cette infection nous empêche d’aller à l’église ou de demeurer dans nos maisons ; c’est terrible, monsieur. Je viens de la part du conseil vous prier de faire enlever ces débris avant que nous mourrions tous du choléra, ou de quelque autre maladie contagieuse. »

Ayant déjà les nerfs pas mal agacés par le résultat de ma spéculation, cette nouvelle, vous pouvez l’imaginer, n’était pas de nature à ramener ma bonne humeur. Je fis appel à la nature accommodante du conseiller, qui, en considération d’une certaine somme d’argent, promit de faire enlever cette carcasse de la grève, et de m’éviter ce nouveau désagrément, qui, je l’espérais bien, serait le dernier.

Vers la fin de septembre de cette même année un de mes amis, qui est président d’une université aux États-Unis, vint visiter Québec, et j’eus le plaisir de passer plusieurs heures agréables avec lui. Il vint à mon bureau où je lui montrai le squelette de ma baleine. Il en fut émerveillé, et comme c’é-