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EN RACONTANT

plus proche voisin demeurant à une distance de 20 milles.

Il serait difficile d’imaginer une existence plus solitaire, plus dépourvue de tout agrément, surtout pour une femme dont l’éducation première n’avait pas été de nature à la familiariser aisément avec ce genre de vie.

Munie d’un simple fusil, et d’abondantes munitions, elle devint bientôt une chasseuse émérite. Durant une saison elle tua cinq ours noirs et un grand nombre d’oies et de canards sauvages. Enfin, il n’y avait rien de si touchant que la description qu’elle me fit de sa profonde solitude, des découragements qui s’emparaient d’elle parfois, et des misères qu’elle eut à subir.

Les souvenirs de son enfance, les relations de sa jeunesse, les diverses jouissances qu’offre une grande ville où elle était née et avait été élevée, tout cela se présentait parfois à son esprit, lui rappelant les jours heureux d’autrefois, augmentant par la même la tristesse de son séjour dans ces régions désertes.

Un hiver, par un froid des plus rigoureux, étant seule, sa cabane fut détruite par le feu. Elle réussit à sauver son fusil, ses munitions, un peu de farine et quelques hardes ; tout le reste devint la proie des flammes. Elle se confectionna un habillement d’homme avec de vieilles voiles de