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UN OISEAU SANS PLUMES

quel point il venait de se prendre dans ses propres filets.

Après un profond salut, je lui dis : « Cet oiseau, Votre Grâce, est appelé un rossignol irlandais ; mais c’est en réalité un oiseau d’un autre plumage, ou plutôt c’est un oiseau sans plumes, c’est une grenouille… »

J’observai du coin de l’œil l’effet de cette réponse chez mes nobles hôtes, mais les regards qu’ils portèrent sur moi étaient empreints de la plus parfaite incrédulité. Sa Grâce me dit que j’étais dans l’erreur, qu’il connaissait bien cet oiseau, seulement qu’il ne s’en rappelait pas le nom dans le moment.

Je ne voulus pas, par déférence, engager une discussion à ce sujet avec un personnage aussi distingué. Je me contentai de lui dire que l’objet en question était tout près, et je fis signe au rameur de nous y conduire.

Quelques coups d’aviron suffirent pour nous rapprocher du rivage auprès d’un tronc d’arbre renversé et en partie submergé, et sur l’extrémité duquel était assise une petite grenouille qui, à notre vue, fit un bond et plongea dans le lac.

Sa Grâce, rougissant quelque peu, avoua « que ça lui paraissait bien être une grenouille après tout. »

Je saluai de nouveau, tout en faisant remarquer,