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EN RACONTANT

rais, qu’ils jouiraient d’un meilleur confort et seraient heureux.

« Merci, monsieur », me dit-elle d’une voix douce et mélancolique, « de vos bons souhaits et de vos paroles encourageantes, j’espère qu’elles seront bientôt réalisées. »

Ils ignoraient que je devais leur laisser des provisions. Je n’en avais encore rien dit, mais les paroles qui devaient annoncer cette bonne nouvelle étaient si près des lèvres, que j’avais peine à m’empêcher de les exprimer. Quel bonheur intime je goûtais à la pensée que j’allais bientôt changer en joies l’état constant d’angoisses de mes pauvres hôtes ; que j’allais, comme par enchantement, faire succéder un avenir riant et plein de promesses aux pensées de désespoir qui les torturaient… !

« Je suis obligé de retourner à Blanc-Sablon », dis-je à madame Jones, « et si votre mari veut venir avec moi, je lui remettrai une quantité suffisante de provisions et autres choses nécessaires que je pourrai me procurer, et qui vous aideront à passer le long hiver qui s’annonce ; prenez courage ; le ciel récompensera votre patience et vos épreuves. »

En entendant ces paroles consolantes, des pleurs coulèrent le long des joues de madame Jones. Les mots lui manquaient pour exprimer, comme elle l’aurait voulu, les sentiments de reconnaissance dont son cœur débordait, et les prières qu’elle adressait au