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EN RACONTANT

toral, que des gens puissent consentir à y faire leur demeure. Inutile d’essayer d’y récolter quoi que ce soit ; rien ne vient, ni pommes de terre, ni légumes d’aucune espèce. Le poisson, le poisson seul est l’unique ressource de ces gens, et quand le poisson ne vient pas à leur propre porte, la pêche est manquée. Il fut un temps où, sans doute, ces endroits étaient d’excellents postes de pêche, et les premiers occupants en ont pris possession dans le but de les garder pour eux-mêmes. Plus tard, ils y amenèrent leurs familles et s’y établirent. La pêche fut leur unique occupation, de même que celle des nombreuses flottes de goëlettes qui visitent ces îles. Cependant, le poisson semble avoir déserté ces parages depuis quelques années. Sa disparition est-elle due à ce que ces poissons ont été pêchés jusqu’à épuisement ? On ne saurait trop le dire, car on peut attribuer ce fait à d’autres causes.

Le malheureux pêcheur, espérant pouvoir se rattraper d’une année à l’autre, est devenu de plus en plus pauvre. L’usage constant des mêmes barges et des même rets a fini par les rendre presque hors de service, et l’on n’a pas les moyens de les remplacer. En différentes circonstances, le gouvernement leur a envoyé des secours qui ont été reçus avec reconnaissance ; les missionnaires, de leur côté, ont plus d’une fois partagé avec quelques-uns des pêcheurs leur dernier quart de farine, pour leur conserver la vie.