Le gouvernement de la province de Québec, désirant enfin faire quelque chose pour améliorer le sort des pêcheurs, me chargea de visiter la côte, de leur distribuer des provisions pour la dernière fois, et d’en ramener toutes les familles qui voudraient s’établir ailleurs.
Les fonds mis à ma disposition me permirent d’embarquer à bord du steamer une grande quantité de provisions, et tout en avertissant ces gens qu’ils ne devaient plus s’attendre à recevoir d’aide, je leur recommandai fortement d’abandonner la côte pour s’établir dans quelque endroit le long de la ligne du chemin de fer Intercolonial où l’ouvrage ne leur manquerait pas, et où ils pourraient cultiver la terre. Je laissai à chaque famille des vivres en quantité suffisante pour tout l’hiver, avec l’entente que ce secours était plutôt pour les aider à faire des épargnes pour pouvoir émigrer dans une autre partie plus favorisée du pays. J’étais prêt même à amener de suite aucune des familles qui témoigneraient le désir d’abandonner ces plages arides.
Je pensais bien, tout de même, que bien peu suivraient mon avis ; en effet, tous voulaient tenter un nouvel essai. Ils aiment ce genre de vie qu’ils mènent, malgré ses épreuves et ses dangers, et ils comptent sur leurs missionnaires pour les assister au besoin. Lorsqu’ils ont la chance de faire une pêche un peu avantageuse, ils se trouvent entière-