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LES PÊCHEURS DU LABRADOR

n’était plus un badinage ordinaire : il y avait vol avec circonstances aggravantes, car il ne restait plus de provisions ; il fallait découvrir le voleur. Tous trois se mettent en quête ; l’on cherche des pistes, on les trouve, et l’on reconnaît que deux ours de forte taille avait causé tout le dégât. Les voleurs avaient décampé, et ne purent être rejoints ; mais ils avaient laissé des preuves du délit. À peu de distance était le sac vide et déchiré ; un peu plus loin gisait la tasse broyée et portant l’empreinte de longues et fortes dents. Quant au paletot et aux bottes, les gaillards, probablement en voie de civilisation, avaient cru devoir les emporter, dans l’intérêt des mœurs. »

« Une autre fois un pêcheur avec sa femme et son petit enfant, habitait une cabane près de la mer. Sur le toit plat et peu élevé, séchait une provision de morue qu’il préparait soigneusement pour l’hiver. Par une nuit sombre, il reposait paisiblement, sans inquiétude au sujet des voleurs, lorsque le bruit d’un pas pesant sur la maison lui fit comprendre qu’on enlevait son poisson.

« Armé d’un fusil et suivi de sa femme, qui portait une chandelle allumée, il entr’ouvrit la porte pour reconnaître le voleur. Au même moment, effrayé par le bruit, un ours tombait du toit, et en culbutant, effleurait l’épaule du chasseur. Le pêcheur tombe tout épouvanté dans la maison en