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EN FLORIDE

che. Dans l’après-midi, le thermomètre atteignit 56 degrés. De chaque côté du navire et sur une grande distance en avant, des centaines de marsouins, qui, ce jour-là, étaient d’une humeur évidemment enjouée, prenaient leurs ébats, croisant dans tous les sens notre navire, soit à l’avant, soit à l’arrière, au grand amusement des passagers.

Dans la nuit du 5 au 6, nous franchîmes le cap si redouté d’Hatteras, dont nous distinguions la lumière. La nuit était belle et nous jouissions du spectacle ravissant d’un clair de lune sur mer.

Le jour suivant, le 6, rien de changé au tableau de la veille : nous avons encore un ciel serein, et nous-mêmes, ainsi que les autres passagers, tous gais compagnons, tuons agréablement le temps. Je prends ici une licence de langage permise, je suppose, aux voyageurs comme aux poètes, en disant que nous tuons le temps ; car il est bien reconnu que celui-ci, que nous essayons de tuer depuis si longtemps finit toujours par nous tuer lui-même.

De bonne heure, au matin du 7, le thermomètre marquait 62 degrés, et il s’était élevé à 70, à notre arrivée à Savannah, vers les 11 heures de l’avant-midi. Nous remontâmes la rivière Savannah à petite vapeur jusqu’au quai, encombré de nègres, flânant au milieu de milliers de sacs de guano, de ballots de coton et de barils de résine. Il y avait là un grand nombre de bâtiments à trois mâts, gréés