Page:Grelé - Jules Barbey d’Aurevilly, L’œuvre, 1904.djvu/167

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« L'Eglise catholique. — écrit-il le 15 j;uiviei- 184S, — n'a jamais, nulle part ni dans aucune époque, nié ou seulement contesté à quelque créature, si puissante ou si chétive fùt-elle, l'emploi clu plus beau don de Dieu, l'exercice de la pensée. Gouvernement divin de la liberté humaine, selon la définition grandiose qu'un des plus illustres Pères a faite de l'histoire, mais qui s'applique à l'Eglise avec une égale justesse, l'Eglise a réglé, comme toutes choses, l'usage des facultés de l'esprit, mais elle ne les a point interdites. Le principe d'autorité qu'elle représente n'est point un principe d'oppression. Elle, qui vit et qui règne doublement par l'intelligence, — puisant une force infinie, la force de son éternel empire, dans le confluent lumineux de la raison et de la foi, — ne méconnaît p"as à ce point sa propre gran- deur » (1). Ici, sans fanfaronnades, sans éclats, n'est-ce pas la majestueuse et grave éloquence d'une conviction profonde qui se fait jour en termes si nobles?

Combien d'autres exemples de ce style mâle et vigoureux ne pourrais-je citer? Ils abondent dans la Revue du Monde Catholique, que d'Aurevilly dirigea en 1S47 et en iS4S. Ils ne seraient pas moins nombreux, si je les empruntais aux Propliètes du Passé ou aux études critiques de la collection Les Œuvres et les Hommes. La religion n'a pas anéanti le romantisme et les tendances aristocratiques du romancier des Diaboliques; mais elle s'est surajoutée à ces caractères primitifs et les a parfois dominés. Elle n'a pas, sans doute, créé un nouveau tempérament et un nouveau style à l'ardent écrivain; seulement, elle a fortifié son tempérament et donné des muscles à son style. Elle a rendu le néophyte Barbey

(l) Revue du Monde Calkolique (15 janvier 1848), p. 159.