Page:Grelé - Jules Barbey d’Aurevilly, L’œuvre, 1904.djvu/180

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

— 47(') —

ticipe en quelque sorte à uiu^ (^Kislence supérieure et divine.

C'est par reuiotion éi;aleinenl que se manifeste ce qu'il y a dans rheniine de plus lu\iu el de plus noble : la sin- cérité. La sincérité dans le style n"est autre chose, — pour employer une expression philosophique, — que Vindice de réfraction morale do l'écrivain. Par là, le romancier ou le critique s'élève en disnilé. Quelle que soit sa valeur, au demeurant, il est d'autant plus persomiel qu'il est sincère. Aussi d'Aurevilly est-il dur pour les auteurs qui parlent une lan.uue dont ils n'ont pas trouvé le secret dans leur teniperamenl. Le style de Victor Cousin, notamment, lui semble « un style beaucoup trop admiré, car il n'est pas sincère » (1). Ce style est riche, majes- tueux et grandiloquent : mais il n'est pas sorti de l'âme même de l'écrivain. 11 a été emprunté ou forgé artificiel- lement. On s'en est emparé comme d'une somptueuse dépouille ou bien on l'a martelé sans y mettre son propre C(eur.

La vie, la vie intérieure, la vie de l'àme: c'est cela seul que Barbey d'Aurevilly a voulu exprimer dans son style. 11 se soucie peu d'être un artiste ; il lient uniquement à « réfléchir » les sentiments et les émotions dont son âme est pénétrée. 11 les rend et les traduit, tels qu'il les a éprouvés, tels qu'ils l'ont « impressionné ». 11 n'aspire pas à se créer une langue savante ; il ne vise qu'à la sincérité. On en a la preuve, particulièrement convaincante, dans les vers qu'il a laissés. Ce sont, a-t-il dit, « des gouttelettes de sang ». Il voit couler le sang des blessures de son cœur et n'a d'autre ambition que de se soulager. Il ne cherche j)as à parer ses plaies d'un

(1; Les Hisloilens jjoUtifjiies el lilléiaires, \>. 427 (i:J. Amyol, ISGl,.