Page:Grelé - Jules Barbey d’Aurevilly, L’œuvre, 1904.djvu/216

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

- 2\2 —

M. de Balzac sont trop rarc^s pour qu'on espère revoir un esprit de celle loule-puissanco d'ici lougleiiips. La iiatuit» les jelle par Iressauls dans le monde. Après Shakespeare, vous Irouvez l)ien loin, — en descendant. — W'aller Scotl. Après Habelais, vous Irouvez Molière. Après Molière, Balzac .Mais ici on ne descend plus. Je crois plutôt qu'on remonterait... Cette mort est une véri- table catastrophe intellectuelle à laquelle il n'y a rien à comparer, que la mort de lord Byron, parmi tous les deuils que notre époque a revêtus. Byron, en effet, comme Balzac, est mort au sortir de la jeunesse, dans lu maturité de son épanouissement, en plein jet brûlant de parfums et de lumière, — laissant, comme Balzac, son œuvre inachevée. Le poème de I)o)i Juan n'est pas plus fini que cet autre poème, plus grand encore peut-être, La Comédie hiunaine, dont nous n'avons guère que la moitié... Balzac a été frappé dans le milieu de sa vie, dans l'empire agrandi de ses facultés et de ses projets, et au moment où, après les luttes héroïques de la jeunesse des g-rands hommes, il allait entrer, comme Gœthe, dans cette période idéale d'une e.xistence complète, qui double le génie par le bonheur et lui assure une nouvelle et plus divine fécondité dans la sérénité et dans l'harmonie. Dieu n'a pas permis ce noble spectacle. 11 a mis sous la pierre d'un sépulcre, — si tôt ouvert, — avec la plus grande tète qu'il eut construite et que la mort ait eu ù désorganiser, tous les chefs-d'œuvre qui y dormaient comme Vcspiùl domnait sur les eaux. Il a scellé sous la pierre d'une tombe l'avenir qui restait à Balzac, un avenir plus beau encore que le passé. La Postérité sera trompée. Balzac est mort... peut-être de lui-même, car qui sait si la supériorité n'est pas quelque grande maladie, quelque intensité tiop forte de notre