Page:Grelé - Jules Barbey d’Aurevilly, L’œuvre, 1904.djvu/240

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graphe ol le jiiiie ; il uuniil lallii assimiler, dans la considération publique, le jug-e dos morts et dos intérêts généraux et politiques, comme l'historiographe, et le juge des vivants et des intérêts privés et civils, comme le magistrat ; car rhonnour et la sécurité des sociétés reposent également sur cette double justice. De tous les intérêts sur lesquels il est besoin de fixer l'opinion des hommes, c'est, après tout, rinlérêt de nos mémoires qui importe le plus. De toutes les propriétés de la vie, lapins chère et la plus sacrée, c'est cet éternel patrimoine de la gloire ou de Tinfamie. pour lequel il n'y a ni prescription ni exhérédation possible, et que nous léguons à nos entants, sans qu'ils puissent jamais le répudier »(1). Les fonctions d'historiographe une fois supprimées, il n'y a plus, audiredi3 Barbey d'Aurevilly, de véritable histoire. Ni Montesquieu, ni Voltaire, ni Volney ne méritent, à ses yeux, le grand nom d'historiens.

Le XVII1« siècle, n'ayant pas brillé d'un vif éclat dans le genre hislori(iue, est-il du moins plus illustre par ses philosophes et ses moralistes ? Nombre d'entre eux ont passionné et bouleversé l'opinion : ils s'appellent Vol- taire, Diderot, Jean-Jacques Rousseau, — pour ne citer que les plus célèbres. D'autres ont fait leur bruit plus sourd, mais non moins retentissant dans les profondeurs des intelligences: ils se nomment Condillac. Vauvenargues, Burton, Chamfortet Rivarol. Quels titres les recomman- dent, les uns et les autres, au jugement de la postérité?

Barbey d'Aurevilly, en un jour de verve, — cefiui lui arrivait fréquemment, — a établi un éclatant, spirituel et injuste parallèle entre les trois divinités supérieures

(1) Les Historiens ]ioliH<iiics el lilléraires {M. Amyt, ISIU^. |,. 1 pt suiv.