Page:Grelé - Jules Barbey d’Aurevilly, L’œuvre, 1904.djvu/242

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d'un do SOS camarados, Fioiiliii, Crispin ou Scapin! Diderot, pas plus que Uoussoaii. no rossonil)lail à Voltairo. si ce n'ost par la haiiu> *\ "\\^ portaioiil tous trois au calholioismo. Mais ([iicilo dirterence ontr(> la naluro do cos paoants ol la nature aristorralicjuo do Voltaii'O ! Voltairi^ baissait Dieu et riait contre lui, eouMue Satan, (pii est de Ixnnic maison v[ (pii a plus d'esprit que les auli'os dial)les dont il est le chef. Mais Diderot et Rousseau baissaient Dieu, sans ponvoii- rire, sérieux, lourds, pesaininont insolents! Vollaiic a l)eau être tils de tabellion, il est grand seigneur par r(>si)ril et par les manières comme Fronsao. 11 est duc par Tespi'it et par rimperlinence, et nu^'ine grand-duc. 11 a travaillé, malbeureusenienl aussi, a la Hevolulion française, comme on travaille a la tapisserie des Gobelins, sans voir ce qu'il faisait, mais il aurait encore vécu quand elle s'allongea, la grande Brute sanglante, qu'il l'aurait maudite de toutes les forces de son esprit, qu'elle outra- geait. 11 était trop Voltaire pour mourir comme Chénier. Mais s'il n'avait pas jeté sa tète à la face de la Révolu- tion, bien certainement il y aurait jeté sa p(M'i'U(pio! Diderot, lui, eut été ardemment l'évolutionnaire. Il aurait siégé ù l'Assemblée Nationale auprès de ral)bè Faucbet, le Diderot des évêques constitutionnels, v[ il se serait fait couper le cou avec Fauchet et les Girondins, ces oies qui cbantaient comme des cygnes, ce qui n'empêcha pas le gi'and cuisinier révolntionnaii'o de leni' couper la gorge à tous et de les mclli'c dans son pol! Didei'ot est à peu près en tout l'opposé de Voltaire, et il le fait aimer! Premier crime! Le second est plus grand. Quand l'esprit français mourait avec Voltaire, l'esprit allemand commen- çait avec Diderot. Par la déclamation, l'enflure, la prècherie, le pédantisme, l'ouverture et la pesanteur des