Page:Grelé - Jules Barbey d’Aurevilly, L’œuvre, 1904.djvu/302

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« Je renvoùtai ! » Le mot pou paraître excessif ; il n'est que juste. Paul de Saint-Victor fut réellement ensorcelé par le séduisant ironiste de la Bague cVAnni- bal. Barbey d'Aurevilly lui fit partager sa passion pour Maurice' de Gucrin, et, de ce jour, le poète du doitaïur n'eut pas d'admirateur plus fanatique que l'ancien secré- taii'c do Lainai'tino. << A \inL;l ans, l'admiration est contagieuse, — remarque M. Dolzanl. — Maurice conjpta bientôt un fervent de plus, et Paul de Saint -Victor écrivait chaque soir, sur ses cahiers intimes, tout ce qu'il entendait raconter du jeune maître... Son nom revient constamment sous la plume de Paul de Saint- Victor et il est assez facile, à cette époque, de démêler la part d'influence qui lui appartient, non moins qu'a M. Barbey d'Aurevilly, dans le talentdu jeune auteur»(1). Il convient d'ajouter que, sur ses calepins, Saint-Victor notait avec le même enthousiasme des phrases de Maurice de Guérin et des réflexions, commoiilaires et pensées de Barbey. Il les confondait tous deux en un culte commun, — avec quelque faible, néanmoins, pour le survivant de ces amis de jeunesse qui s'étaient si bien compris.

Aussi ne s'étonnera-t-on point qu'en octobre IST)!, lorsque parut VBnsorcelée, d'Aurevilly ait envoyé son nouveau roman au vibrant criliquo do vingt-neuf ans et qu'il ait accompagné son envoi de cette lettre significa- tive : « Mon chei' Saint-Victor, — écrivait-il, — voici mon Ensorcelée. Vous n'auriez pas, dans la maii) droite, cette plume el)louissante qui fait feu de diamant sur tout ce qu'elle touche, que je vous enverrais tout de même ces deux volumes, en souvenir des jours passés ! Je ne les

'1; Alidor Df.l/ant. l'nul de Saint Victor (p. 50 et suiv.)