Page:Grelé - Jules Barbey d’Aurevilly, L’œuvre, 1904.djvu/304

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delairo. qui élail un siiporlto dôiiioii incarné, se nonri'it des conceptions diaboliques du fils orlhodoxe do rKt-iiso romaine.

Barbey d'Aurevilly oui ainsi un disciple de style et un disciple d'imagination creali-ice, ou, si l'on veut, un disciple de sensations verbales et un disciple de sensa- tions morales. 11 ne lui manquait plus, — pour laisser son empreinte dans tous les genres qu'il avait cultivés, — que de trouver un disciple d'idées critiques, un disciple de sensations intellectuelles. 11 l'eut en la pcM'sonne de Xavier Aubryet. Les Juncnieïils noureaux d'Aubryet sont conçus selon la manière, à la fois bruyante et pénétrante, de l'auteur^ des Œuvres et les Jknnmes. En dédiant son livre à Barbey, le jeune « essayiste >:> de trente-cinq ans ne fît que reconnaître la dette de son esprit envers le magistrat terrible et avisé qui, chaque semaine, rendait ses oracles dans les colonnes du Pays.

C'est donc de 4848 jusque vers 18G0 que se discerne le mieux l'empire qu'exerça d'Aurevilly sur de rares cer- veaux, sur des écrivains aussi dissemblables que Paul de Saint-Victor, Charles Baudelaire et Xavier Aul)ryet. Si j'ajoute à cette liste très brève le nom de Théophile Silvestre, — a qui Barbey dédia ses Romanciers, connue il avait dédié ses Poètes à Saint-Victor, — c'est que le critique du Pays eut une influence certaine sur la des- tinée de ce talent mal équilibré. 11 parvint à le retenir quelque temps sur la pente de dévergondage intellectuel où il se laissait si facilement entraîner et lui indiqua sa véritable voie : les études d'art. Si l'auteur des Artistes vivants ne sut pas se contenter de sou lot de célébrité relative dans la presse, il eut du moins le mérite de rester fidèle à son admii'ation pour le romancier de