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Page:Grelé - Jules Barbey d’Aurevilly, L’œuvre, 1904.djvu/389

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peintre de Ce qui ne meurt j^as et du détracteur des Bas-bleus. Al(3rs, décidément, il faut donc, soit rejeter Barbey d'Aurevilly parmi les représentants très secon- daires du génie français, au XIX« siècle, soit lui chercher des ascendants au cours des siècles antérieurs.

AuXVlII^ siècle, il eût paru certainement aussi dépaysé qu'à notre époque. Ce n'est ni à la suite de Jean- Jacques Rousseau, ni dans le clan des Enc^^clopédistes, ni dans la radieuse orbite de Voltaire, qu'on le trouverait. Un seul homme ferait songer à lui : c'est Rivarol(l). Au XVIIe siè- cle, en cet âge de raison froide et de foi peu bruyante, où classerait-on Fauteur de l'Ensorcelée ? Nulle part, — si ce n'est dans l'entourage de Cyrano de Bergerac. Il convient donc de remonter jusqu'au XVP siècle pour rencontrer un milieu favorable à l'éclosion spontanée de son talent et à l'efficace portée de ses doctrines. C'est en pleine fièvre des luttes religieuses ei politiques d'alors qu'on l'imagine le mieux. Il prend place à côté des Guises, se fait l'organisateur d'une résistance indomp- table aux huguenots et bataille sans merci, par la parole, la plume et l'épée, contre les ennemis de l'Église romaine qu'il juge aussi les ennemis do la France. Là, enfin, dans cette atmosphère de guerres civiles, il joue un rôle approprié à ses besoins et à ses goûts. Seulement il est à craindre qu'il no délaisse trop souvent la plume pour l'épée, — et la littérature française compterait quelques chefs-d'œuvre de moins.

(1) Le livre de M. de Loscure. sur r«i\;irûl et la Uièse de M. Aiidié Le Breton nous montrent, en clf'et, une sorte de Barbey de rancien régime, — alerte, étincelant et contempteur des bas-bleus. Mais de pareils traits ne marquent pas suffisamment notre d'Aurevilly : nous n'aurions là (ju'un d'Aurevilly mondain et tout extérieur.

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