Page:Grelé - Jules Barbey d’Aurevilly, L’œuvre, 1904.djvu/400

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ronomniéo do polôinislo excessif et do dandy siiiLculier... La vie de ee iier et noble écrivain s'est passée lont entière à des l)esog'nos viiili^MK^il acceptéos, exécutées avec une consciouco supérieure et dans l'(Mitredeux desquelles il composa ses trop rares romans... Il lui fallait lire un volume par semaine et le résumer afin d'en extrairi' une de ces Variétés où les moindres phrases trahissaient l'émule des plus grands maîtres par le génie de l'expression. Il prenait pour ce travail trois jours pleins, du jeudi au samedi, d'ordinaire. Il appelait cela : se mettre en couclare, et il vint un moment, vers 74 ou 75, où la direction du journal, contrainte à l'écono- mie, lui fit savoir qu'il serait payé à la ligne et que ses articles ne pourraient pas dépasser !.")() lignes. Je le vois encore nous racontant cette misère, un soir d'été, dans le jardin verdoyant de noire cher Coppée, les yeux brillants d'orgueil blessé, puis avec cette altière gaieté qu'il opposait par principe à toutes les tristesses grandes ou petites, il fit siffler la canne-cravache qu'il appelait plaisanunent : sa femme. — « Après tout, dit-il, tant mieux ! cela m'apprendra à me condenser, je sauterai dans ce cerceau... » C'est là, dans cette force de résis- tance railleuse en sa forme, héroïque en son fond, oppo- sée aux plus cruelles circonstances, qu'il faut cherche-r le secret des bizarreries tant reprochées à Barbey. Dans une préface que je composais en lSS:i potir ses Memo- randd de Caen et de Port-Vendres, j'insistais sur ce constant désaccord enlie cet homme d'un si beau génie et son inilieii, son temps, son métier. Il fut si pleinement satisfait de cette lumière jetée sur sa destinée, qu'il écrivit sur la feuille de garde du volume précédé par cette courte préface : « A mon devinateur... » Depuis, et dans les derniers mois de sa vie, il me confia pour que