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Page:Grelé - Jules Barbey d’Aurevilly, L’œuvre, 1904.djvu/399

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de 1S32, rédigé dans la fièvre de la jeunesse par l'inexpé- rience prophétique de Trebulien et de l'auteur de Léa. Et n'est-ce pas décerner un bel éloge à des poètes idéa- listes que de s'approprier, après trois quarts de siècle, quelques-unes de leurs pensées?

Un ami de Barbey d'Aurevilly, un de- ses plus chers compagnons de lutte, Granier de Cassagnac, lui disait un jour, vers 1850 : « Quand on acceptera votre talent, on le subira. Tout le temps qu'on ne l'acceptera pas, il fci-a /rop 7)^Mr par son éclat pour qu'on l'aime et qu'on vienne à lui ». L'heure de la justice posthume paraît enfin avoir sonné. Les jeunes générations viennent vers \q Yom-d\\c\QY (\qY Enso)'ceIée, le poète de Poussières et le critique des Œuvres et les Iloinuics ; elles aiment le talent de ce fastueux solitaire des Lettres françaises au XIX siècle.

Ce que Granier de Cassagnac pressentait dès 1850, M. Paul Bourget l'a supérieurement exprimé en 1875, dans son premier hommage d'adolescent au maître écrivain des Diaboliques, puis en 1883, dans sa préface des Memoraiida de Caen et de Port-Vendres, enfin à diverses reprises depuis la mort de Barbey d'Aurevilly. Le 4 mai 1889, notamment, M. Bourget traça d'une plume émue cette délicate apologie, qui sera le jugement de la postérité : •:< C'est être deux fois méconnu que de se voir faussement célèbre, et le prosateur éloquent des Prophètes du Passé, le conteur épique de V Ensorcelée et du Chetxdier Des Touches, le psychologue profond des Diaboliques et de la Vieille Maîtresse, le poète de ce mélancolique Adieu tant admiré par Sainte-Beuve : Voit Ci 2^ourquoi je veux partir... n'a guère eu dans le public, durant les quarante dernières années, qu'une