Page:Grelé - Jules Barbey d’Aurevilly, L’œuvre, 1904.djvu/44

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tago encore. Une sorlo dr lyrismo inoi-ldd»^ li-adnil la assez naïvonionl les désespoirs, los inipiiissuncos do raulourol fiiiil par se résoudre presque en la sensaliou troublante du néant. « Qui ne sait, — clame arnèriMntMil Barbey, — que ttnis nos amours sont de la diMii(Mic(\ (pui tous nous laissent à la bouche rabsiiitho (\v la (lui»(M-ie ? // Mais voici une œuvre plus caractéristique et plus importante : c'est Amaidée, l'histoire de la femme déchue, que le philosophe Altaï (Jules Barbey en personne) cherche à réhal»iliter. Ce poème en prose est bien de l'époque de liolla : il a été composé en IKU et \^^i. C'est un dialogue entre Barbey et Maurice de Guérin (Somegod). Et eu quels accents navrants s'expriment les angoisses de l'auteur! « Somegod : celle feunnc que je traîne avec moi n'est pas celle que tu supposes... Tu ne l'ignores pas, je fus vieux do bonne heure. Il est des honnnes qui sortent vieillards du ventre des mères. Toi et moi, ô Somegod ! nous sommes un peu de ces honnnes-là. Quand je te disais que l'amour aurait moins encore que la jeunesse ; quand, le cceur plein de ce senti- ment formidable qui échappe à la volonté, je cherchais anxieusement à chaque aurore si douze heures de nuil. un jitur de plus, ne l'en avaient pas arraché, si la flamme ondoyante et pure ne s'était pas éteinte dans l'atre noir et refroidi, — ce n'était pas la terreur si commune aux hommes de voir un bien fuir les mains qui le possédaient et s'écrouler et se perdre, et les laisser veufs, pauvres, désolés ! ce n'était pas cette terreur qui m'égarait jusqu'au désespoir de l'amour. J'avais mis la grandeur hiifiiaine à soutIVir, je voulais être grand » (1). N'est-ce pas là, en vérité, l'idéal moral du romantisme ?

(1) Amaidée (éd. Lemerrc 1890), p. 19 et 20.