Page:Grelé - Jules Barbey d’Aurevilly, L’œuvre, 1904.djvu/78

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

— 71 -

dix-sept ans... llal)iliiolltMnoiil les yeux d'Alhin étaient mornes comme le sont presque toujouis les yeux do ceux qui n\aai"doiil plus dans Icui* cciMir (|U(' ilans la vie ; mais a la nioiiidn» (Miinlioii un au Mi(»iii(lii> capi'icr d(^ rc< jeune homme, a Vaiuv plus passioiinéii que (or[(> cl (pii deviendrait peut-être ri)buslo avant d'avoir un caractère, il parlait de ses larges prunelles mates un dard de lumière, comme le Irait d'or d'une étoile qui file dans un ciel noir à travers les brauchag^es plus noirs encore d'une foret. » (1). C'est bien là le Barbey qui semonlre à nous dans le portrait que nous avons de sa vinglicme année.

Plus tard, do i^') à 2S ans, il sera rAllaï d'AmakU'c, l'Aloys de la Bague d'Annihal, le Raimbaud de VAinour lmi>ossible ; et nous reconnaissons à ce triple portrait le jeune désenchanté, lironiste et le fougueux qu'est tour à tour l'auteur du Mémorandum do is:j(;, — avec ses ennuis, ses nostalgies, ses ivresses d'un instant, ses défaillances d'une heure, sa « maladie du siècle // et finalement le désespoir de ses instincts blasés.

Puis, la trentaine passée, d'Aurevilly deviendra le Ryno de Marigny d'Une Vieille Maîtresse. '< Vous connaissez ma famille, — dira-t-il de son héros, ot de lui-même, — vous savez quelle place elle a tenue dans l'ancienne arislocralie. Lorsqu'à vingt ans je la quittai brusquement pour aller vivre à ma fanUiisie, vous savez quel éclat ce fut dans ma j)rovince et dans votn* fau- bourg Saint-CieruKiin. où mon père avait conservé beau- coup de relations... Rien de plus simple, d'ailleurs, que mon éloignemenl dune famille qui ne comprenait rien à ce que j'étais et à ce que je pouvais devenir. Kilo m'avait

.1) Ce <jui ne meurt i>as !" t';d. Lemcrrc, in-12, lS84j, p. 'J, 10, li, l.'î.