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chargé des principes malfaisants du tabac. Cette action sur le cœur n’a pas échappé à l’esprit des observateurs, et il n’y a pas longtemps qu’elle a été mise en évidence devant l’Académie des Sciences par un honorable docteur, M. Émile Decaisne. « L’abus du tabac, dit ce savant médecin, peut produire sur certains sujets un état particulier, que j’appelle Narcotisme du cœur, et qui se traduit par des intermittences dans les battements de cet organe et dans les pulsations artérielles. Dans certains cas, ajoute-t-il, il suffit de suspendre ou du moins de réduire l’usage du tabac pour voir disparaître entièrement ou diminuer l’irrégularité dans les fonctions du cœur. » — Dès lors il n’y a pas lieu de douter que les perturbations fonctionnelles du cœur, dont parle M. É. Decaisne, soient le résultat de l’action produite par le tabac. Mais doit-on attribuer ces troubles à l’action exclusive du tabac sur les nerfs qui règlent les fonctions du cœur ? Ne peut-on pas admettre que l’altération du sang par les principes actifs de cette plante puisse, elle aussi, participer à leur production ? Je ne crois donc pas qu’on doive exclure l’une de ces deux causes plutôt que l’autre, car l’une et l’autre agissent d’une manière plus ou moins énergique.

Malgré tous les méfaits qu’on peut reprocher au tabac, ne pourrait-il pas servir à remplir des indications très-importantes dans le traitement de certaines affections ? Si on examine, en effet, la plupart de nos agents thérapeutiques ne doivent-ils pas aux mêmes éléments les vertus salutaires, qui les font rechercher, et les