Page:Grellier - De l’empoisonnement par le tabac chez les bêtes bovines.djvu/23

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Telle est la place qu’occupe le tabac chez les planteurs et la conduite de ces derniers jusqu’au moment où ils livreront leur produit aux manufactures. Ces dispositions influent sans doute beaucoup sur la production des accidents redoutables que j’aie en vue, mais, considérées d’une manière exclusive, elles seraient insuffisantes à les produire. Aussi une autre cause que l’animal porte dans sa propre organisation, joue le rôle le plus important. Comment expliquer en effet, la première cause agissant isolément, que l’espèce bovine soit généralement la seule à payer tribut à cette plante ? Les autres animaux, surtout les solipèdes, ne se trouvent-ils pas aussi dans les mêmes conditions ? On objectera peut-être que les solipèdes, se trouvant en moins grand nombre dans les fermes, sont par suite moins exposés à un empoisonnement de ce genre. L’objection, il est vrai, est admissible, mais ce n’est pas là le motif le plus rationnel, comme l’expérience peut aisément le démontrer. Qu’on place ces animaux dans les mêmes conditions que le bétail, et on pourra juger d’une différence notable de mortalité entre l’une et l’autre espèce. Pas un seul cheval, soumis à l’expérience, ne présentera les plus légers symptômes d’empoisonnement, pas un ne se dérangera pour chercher à atteindre la plus petite parcelle de tabac. Et, si par hasard, on a vu ou on voit encore ces accidents se produire chez les solipèdes, c’est qu’ils reçoivent mêlés aux fourrages des débris de feuille de tabac, quelquefois même c’est que les aliments qu’on leur destine, placés dans les mêmes locaux que cette plante, ont pu s’imprégner du principe volatil qui se dégage pendant que s’opère