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grains fins ou de graviers avec un sous-sol argileux, le tabac qu’il fournit est très énergique, car la quantité de nicotine qu’il contient est considérable. On peut s’en convaincre en effet par l’analyse qui a été faite du tabac cultivé dans les départements du Lot et du Lot-et-Garonne qui reposent sur ce terrain : sa qualité, par rapport à la dose de nicotine, est bien supérieure à celle des autres tabacs.

Le climat joue encore un certain rôle sur l’activité qu’acquiert cette plante : aussi il est reconnu que le tabac du Nord est bien moins actif que celui du Midi : cela provient de ce que, pendant que s’opère la dessiccation, il se produit une excrétion gommeuse plus ou moins abondante, qui fixe la nicotine et l’empêche de se volatiliser. Or, dans le Nord, l’influence de la basse température retarde ou empêche cette excrétion gommeuse et par suite une grande partie de la nicotine, n’étant plus retenue, se volatilise : dans le Midi, le contraire a lieu.

L’état de plénitude ou de vacuité de l’estomac peut aussi modifier l’activité de cette plante. Lorsque le tabac arrive dans cet organe, s’il est vide, rien ne s’oppose à son contact avec la muqueuse et les sucs digestifs : dès lors la marche de l’empoisonnement est rapide et une faible quantité peut produire de graves désordres : à moins de dispositions individuelles particulières le tabac jouit alors de son maximum d’intensité. Mais si l’estomac renferme des substances alimentaires, la présence dans ce viscère de ces aliments accumulés en quantité plus ou moins grande, paralyse, pour ainsi